En raison du recul du glacier de la mer de Glace, qui perd 30 mètres par an depuis 2003, EDF doit déplacer le captage des eaux de fonte qui alimente une de ses centrales hydroélectriques. Un chantier très atypique, sur un site classé, qui nécessite des moyens exceptionnels et qui devrait être achevé en septembre 2011.
GABRIELLE SERRAZ, Les Echos
DE NOTRE CORRESPONDANTE À GRENOBLE.
Depuis près de quarante ans, la fonte naturelle de la mer de Glace, le plus grand glacier français, est utilisée pour produire de l'électricité. La centrale des Bois, sur la commune de Chamonix, permet de fournir du courant à 50.000 habitants, l'équivalent de la consommation de la ville d'Annecy. Mais, depuis 2003, le glacier a reculé de 30 mètres par an et l'épaisseur de glace a diminué de 8 à 10 mètres. Cette situation menace le captage. Situés à 1.490 mètres d'altitude, les équipements, qui étaient sous 200 mètres de glace lors de leur mise en service en 1973, se retrouvent à l'air libre et la centrale installée dans la vallée risque d'être bientôt privée de ses eaux de fonte.C'est une conséquence concrète du changement climatique. A Chamonix, le recul du glacier de la mer de Glace, qui s'est accéléré ces dernières années, contraint EDF à mener actuellement de grands travaux pour pouvoir continuer à alimenter sa centrale hydroélectrique située en aval.
Une perte à laquelle les hommes d'EDF ne se résolvent pas. Avec sa galerie souterraine de 1.700 mètres de long pour acheminer l'eau dans ses turbines, ses 320 marches et son téléphérique, l'installation a en effet représenté un investissement de 20 millions d'euros. Et malgré un surcoût de 20 %, en raison du caractère abrasif de l'eau glaciaire, sa disparition supprimerait une production de 113 millions de kilowattheures.
2,5 kilomètres de tunnels
Pour sécuriser durant quelques années encore l'alimentation en eau glaciaire, la décision a été prise de remonter le captage 1.000 mètres plus haut, sous 100 mètres de glace. EDF, maître d'ouvrage, a confié le travail à Spie Batignolles TPCI et Sotrabas, pour un montant de 15 millions d'euros.
Sur place, le chantier est assez exceptionnel. Il est alimenté par téléphérique et par hélicoptère. Cinq équipes, assistées par cinq guides de haute montagne, travaillent en rotation, soit une cinquantaine de personnes au total. Le creusement des 2,5 kilomètres de tunnels est réalisé au moyen d'explosifs et d'un enchaînement de perçages au robofore à 1 ou 2 bras. Pour stocker le matériel ou installer un réfectoire, de petites niches ont été creusées dans les galeries.
Et pour permettre le creusement de galeries, il faut faire fondre le glacier ! Pour cela, Spie Batignolles emploie une technique particulière, celle de la projection d'eau chaude. Au moyen de lances à incendie, 500 litres d'eau chaude à 37° C sont projetées sur le glacier chaque minute, grâce à l'installation de deux grosses chaudières installées sur une plate-forme extérieure, à l'entrée du chantier. La mise en service de la nouvelle installation est prévue en septembre 2011, un captage provisoire assurant l'alimentation en eau de l'usine en attendant.
Les touristes qui visitent la mer de Glace ignorent tout de ces travaux sous leurs pieds. Dans ce site classé, un des défis du chantier était de préserver l'environnement et le paysage. Pourtant, le recul du glacier affecte aussi l'activité de ce site où, chaque année, 300.000 personnes visitent la célèbre grotte de la mer de Glace. Pour la sécuriser, des travaux de plus en plus onéreux doivent être effectués chaque année et son existence même est menacée.
Rien à voir avec le glacier, je te souhaite une bonne fête Fabrice ! Pleins de bisous.
RépondreSupprimerNath