lundi 3 mars 2008

DRAME DE CHAMONIX Ils chahutaient dans la cabine...

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La beauté des aiguilles de Chamonix sur fond d'azur paraissait bien insolente au regard de la peine de cette famille picarde éplorée qui arpentait ce dimanche la côte grimpant jusqu'à la télécabine de Planpraz. C'est là haut, 300 m en amont, dans la trouée verte qu'emprunte l'appareil que le corps de leur fils, leur frère, a été retrouvé inanimé la veille, après une chute de 25 m.

Une mort qui va nourrir d'insondables remords, peser sur les consciences des trois amis qui étaient avec lui dans la cabine. Eux seuls savent ce qui s'est passé, mais leurs versions divergentes compliquent les auditions censées évaluer le comportement de chacun et jauger les responsabilités. Dimanche soir leur garde à vue pour homicide involontaire a été prolongée de 24 heures et l'enquête de flagrance menée par le Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) se poursuit. "L'origine de la chute n'est pas exactement définie", indiquait le parquet.
Les gendarmes ont reconstitué avec minutie cette journée de samedi. Comme nous l'indiquions hier, ces quatre amis d'enfance, pères de famille trentenaires, originaires de la région d'Amiens (Somme), avaient passé l'après-midi au restaurant Altitude 2000 situé sur le domaine du Brévent. Selon le service de l'établissement, ils auraient consommé de la bière. En fin d'après-midi alors que la benne numéro 50 cheminait vers la vallée, selon le colonel Kim, commandant le groupement de gendarmeries de Haute-Savoie, les occupants auraient eu un comportement inadapté. Deux d'entre eux se seraient levés, "ne respectant pas les consignes de sécurité affichées au départ", précise Axelle le Boulicaut, substitut du procureur de la République de Bonneville. Ils se seraient appuyés contre la vitre latérale en plexiglas qui a cédé.
La représentante du parquet indique que "les amis de la victime reconnaissent avoir un peu chahuté." Et la substitut d'évoquer, toujours sur la base de leurs auditions, "des chamailleries bon enfant. Eux parlent de chahut mais que signifie ce chahut? C'est l'objet des auditions que nous continuons de mener".

Selon le test d'alcoolémie que les protagonistes du drame ont subi, ils avaient bu "de manière significative" selon un enquêteur mais "ils n'étaient pas ivres" selon le parquet. Reste que la bousculade sans violence ainsi décrite par les trois survivants ne correspond pas vraiment avec "le choc violent" qu'invoquent les exploitants de la télécabine pour que cette paroi se descelle.
Bref pour l'heure leurs auditions ne parviennent pas à expliquer comment cette vitre, censée résister à des vents de 100 km/h a cédé. Aussi, au-delà du volet humain de l'enquête, les gendarmes travaillent en parallèle sur les aspects techniques de ce fait divers. Ce lundi alors qu'une autopsie de la victime sera pratiquée à l'institut médico légal de Haute-Savoie, des techniciens en investigation criminelle doivent examiner la cabine placée sous scellés et une reconstitution est prévue. Par ailleurs, la substitut du procureur a indiqué qu'une expertise serait menée "pour savoir si la vitre et le joint de la cabine peuvent être mis en cause". Deux éléments récupérés en début et en fin de journée.
Dimanche matin, avant la réouverture de la télécabine, toutes les autres bulles ont été soumises à des tests de pesée et le Bureau départemental des remontées n'a constaté aucune anomalie. Le feu vert était donné pour une reprise d'exploitation.

REPÈRES
UN ACCIDENT SANS PRÉCÉDENT
"Ce drame revêt un caractère exceptionnel qui ne s'est jamais produit dans le monde des remontées mécaniques", a indiqué François Bidaut, directeur général de la Compagnie du Mont-Blanc qui exploite l'appareil. La Compagnie du Mont-Blanc a procédé à la demande du BDRM (autorité de contrôle) à des vérifications supplémentaires sur toutes les vitres latérales de la télécabine et a pu ouvrir dans sa configuration normale ce dimanche matin. "Pour qu'un tel événement intervienne il aura vraisemblablement fallu qu'un choc violent s'exerce sur la vitre latérale", précise la CMB.


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(Le Dauphiné Liberé)

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