mardi 4 mars 2008

ACCIDENT DE TÉLÉCABINE A CHAMONIX . La solidité de la vitre en question

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Hier après-midi, alors que les trois amis du surfeur victime d'une chute mortelle de 25 mètres depuis la télécabine de Planpraz étaient remis en liberté, le scénario "humain" du drame était établi, selon le procureur de la République de Bonneville, Michel Belin.
Ces quatre copains d'enfance d'Amiens (Somme) redescendaient, éméchés, du domaine skiable du Brévent. Leur taux d'alcoolémie était de l'ordre de 1 gramme par litre. Ils se sont levés dans la cabine et auraient "fait les imbéciles", selon les termes du procureur. Emportés par leur comportement festif, ils auraient uriné dans la bulle. Les deux occupants qui se situaient près de la vitre opposée à la portière, de gabarit solide (1 mètre 80 pour 80 kilos), se sont appuyés contre la paroi qui a cédé sous leur poids. L'un d'eux, Antoine Laurent, 32 ans, devait faire une chute fatale; quant à son copain Frédéric, il a été retenu par les pieds grâce à l'intervention de son frère. Hier matin à 9 heures, une mise en situation de l'accident était effectuée sur place, en présence des trois survivants, rongés par le doute. Le parquet a estimé que s'ils ont commis une faute en se levant dans cette cabine, au mépris du règlement de sécurité, elle ne méritait pas une recherche plus approfondie de leur responsabilité. Et d'évoquer la peine insurmontable qui est la leur d'avoir vu partir ainsi leur ami. En revanche, les enquêteurs s'intéressent à la structure de cette cabine dont la vitre en plexiglas, soutenue par un joint, s'est descellée. "Le problème de la solidité de la structure se pose, étant entendu que, dans l'usage normal de ces cabines, on ne doit pas s'appuyer contre ces parois. Se pose donc la question de l'éventuelle responsabilité qui serait liée à un défaut de cette cabine", précise le procureur. Car ce lundi, dans le cadre de la reconstitution, un gendarme de la cellule d'investigation criminelle a pratiqué deux tests sur des bulles similaires. Après une pression moyenne sur la partie haute, à deux reprises le plexiglas a cédé.
Aussi, une information judiciaire contre X pour homicide involontaire doit-elle être ouverte aujourd'hui. Un expert en résistances de matériaux sera nommé. Le juge en charge du dossier devra évaluer la responsabilité du constructeur des cabines renouvelées en 1992, le Suisse CWA, considéré comme une référence dans le milieu, voire de l'exploitant de l'appareil, la Compagnie du Mont-Blanc. "Seuls les experts pourront dire s'il y avait un risque lié à un défaut de conception ou à un défaut d'entretien", tempère le procureur, avant d'ajouter: "Il est évident que si l'on est assis normalement, il n'y a aucune raison qu'un tel accident se produise".
Le Bureau des remontées mécaniques (BDRM), autorité de contrôle, a été saisi des conclusions des enquêteurs, et une expertise administrative devrait être menée pour vérifier s'il existe un danger quelconque pour d'autres utilisateurs de la télécabine, qui hier a fonctionné tout au long de la journée.
REPÈRES
LES FAITS
Samedi vers 17 h 15, trois surfeurs et un skieur redescendaient par la télécabine de Planpraz lorsque l'un d'entre-eux, âgé de 32 ans, père de deux enfants, est tombé dans le vide, passant à travers la vitre latérale.
UN ACCIDENT SANS PRÉCÉDENT
Hier, la société de remontées mécaniques de Chamonix, la Compagnie du Mont-Blanc, a communiqué sur le caractère exceptionnel de ce drame que "seul un choc violent" pouvait provoquer. Hier, ses dirigeants mettaient en cause le comportement anormal des usagers.
Les cabines, hautes de 1,45 mètre, avaient été renouvelées en 1992. La télécabine de Planpraz doit être changée pour l'hiver prochain.

(Le Dauphiné Liberé)

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