CHAMONIX
C'était le 26 mars dernier, deux ans après l'enquête publique et onze ans après l'avalanche qui, dans le haut de la vallée, avait emporté une quinzaine de chalets, tuant 12 personnes. Le préfet de Haute-Savoie décidait de signer le nouveau plan de prévention des risques (PPR) dans son volet avalanche pour la commune de Chamonix, après maints débats entre les familles de victimes et les élus de la montagne.
L'affaire était sensible. C'est qu'au lendemain du drame de Montroc, les services de l'Etat avaient considérablement revu leur méthode pour appréhender le risque urbain avec une nouvelle génération de PPR.
Principale nouveauté : la création de zones où il existe une suspicion de très anciennes coulées (jusqu'à 300 ans) et pour lesquelles les prescriptions doivent porter sur la sécurité des personnes et non la constructibilité. Ces zones jaunes dites "avalanche maximum vraisemblable" (AMV) devaient s'ajouter aux rouges (inconstructibles) ou bleues (constructibles avec renforcement des habitations).
1 700 bâtiments en secteurs à évacuer et +50 % des zones bleues ou rouges
À Chamonix, où 78 des 110 couloirs concernent l'urbanisme, près de 1 700 bâtiments sont concernés par ces zones jaunes imposant des mesures d'évacuation par les communes.
Le nouveau document, répertorie plus des 900 bâtiments en secteurs bleus ou rouges contre 600 dans le précédent plan de 1992, soit une hausse de 50 %.
Pour Jean-Claude Bourdais, dirigeant de l'Airap, l'association pour l'information sur les risques d'avalanches urbaines et leur prévention : « La signature du nouveau PPR officialise les zones jaunes ».
« L'État se débine ! »
Le maire de Chamonix confirme tout en faisant part de ses regrets au préfet : « De toute façon, ce plan, on l'applique depuis près de deux ans. Compte tenu de mes pouvoirs de police, je ne pouvais méconnaître ce document. Par contre, je m'interroge sur la méthode. L'État cartographie le danger mais ne donne aucune directive quant à la mise en œuvre des dispositions de ces zones jaunes où on nous dit qu'il pourrait se passer quelque chose mais qui sont toujours constructibles.
À partir de quel niveau d'intensité évacuer ou mettre en place le niveau d'alerte ? Il y a quelque part un débinage de la part des services de l'Etat pour une responsabilisation accrue des maires. »
REPÈRES
ZONAGE
600 communes en France sont concernées par les avalanches. Les services de l'État, le RTM (Restauration des terrains de montagne) et le Cemagref (Centre d'étude du machinisme agricole, du génie rural et forestier) codifient les risques naturels dans des plans de prévention (PPRN) avec un zonage : rouge (inconstructible), bleu (constructible avec prescription), blanc (sans risque). À la suite des avalanches de 1999, naissait l'idée d'une zone jaune, sans conséquence sur le foncier mais exigeant des mesures d'évacuation.
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