mardi 6 janvier 2009

JUSTICE Accident de télécabine au Brévent : la Compagnie du Mont-Blanc mise en examen


Avant même que l'expert nommé dans le cadre de l'information judiciaire ouverte pour homicide involontaire, suite à la mort d'Antoine Laurent, 32 ans, n'ait rendu son rapport définitif, la juge d'instruction Pascale Sauvadet a mis en examen, le 19 décembre dernier, la Compagnie du Mont-Blanc (CMB) en tant que personne morale pour homicide involontaire. Le 1er mars 2008, le jeune homme originaire de Picardie, descendait du domaine skiable du Brévent, avec trois amis d'enfance. Ils ont un peu bu, chahutent dans la cabine et se lèvent pour uriner. Situé sur la partie latérale opposée à la porte, Antoine Laurent s'appuie contre la vitre, comme son vis à vis. Le vitrage cède sous le poids et le premier chute de 20 mètres tandis que le second sera rattrapé in extremis par les pieds. Suite à ce drame, le frère et l'épouse de la victime avaient porté plainte et s'étaient constitués parties civiles alors que le parquet de Bonneville décidait d'engager une instruction, le 3 mars.

Vieillissement des joints

À l'automne, l'expert grenoblois nommé par la juge rendait un premier rapport qui ne statuait pas complètement sur la résistance du vitrage. Et un complément d'expertise lui était demandé, toujours en attente. Néanmoins, le rapport administratif du bureau d'enquêtes sur les accidents de transports terrestres (BEA-TT), rendu en juillet était plutôt édifiant à ce sujet. Rédigé suite à des tests effectués en avril sur les cabines de marque CWA, il mettait en exergue deux éléments: le vitrage n'était pas d'origine et provenait d'un sous-traitant. «La rigidité du vitrage d'origine était nettement plus forte», note le rapport tout en précisant qu'il était difficile de conclure sur l'impact de cette différence de structure. S'agissant des joints, il relevait que «lors des essais, le vieillissement des joints a été repéré comme étant une cause facilitant un déboîtement des vitrages.»

«Aucune réglementation n'impose une résistance du vitrage»

De source judiciaire, cet élément aurait amené la juge à vouloir en savoir plus, même si, pour la défense, il paraît mince. Dans son rapport de juillet, le BEA-TT avait également souligné que des comportements interdits par le règlement des télécabines, mais qui ne relèvent pas «d'un désir manifeste de dégrader le matériel», pouvaient suffire à déboîter les vitres. Ce fut le cas ce jour-là. Depuis, la sécurité a été revue dans 48 télécabines du genre en France et l'information des usagers a fait l'objet de nouvelles normes.
Le représentant légal de la Compagnie et directeur général, François Bidaut, a été entendu le 19 décembre. Joint au téléphone, hier soir, il a étayé la défense de la CMB et rappelé que le vitrage ne constituait pas un élément de sécurité: «Aucune réglementation n'impose une résistance de ces vitrages. Nous persistons à dire que c'est une position anormale sur ce vitrage qui a entraîné la chute.»
La télécabine de Planpraz a été reconstruite cet été et a rouvert le 20 décembre dernier. Un chantier prévu depuis plusieurs années.


Antoine CHANDELLIER
Paru dans l'édition 74D du 06/01/2009 (75576)

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